Faune et Flore marine du Walters Shoal - Le sommet du Walters Shoal : un récif d’algues!
Parmi les membres de l’expédition, nous étions huit plongeurs qui allions avoir la chance de poser leur regard sur le sommet du Walters Shoal… Quel privilège d’être parmi les premiers à plonger sur ce lieu ! Quel plaisir d’aller revoir la terre, même sous-marine, au milieu de cette étendue d’eau ! Malgré beaucoup d’enthousiasme, j’étais préoccupée par ce que nous allions découvrir au fond : un rocher mis à nu par l’action de la houle et du courant ? Une prairie d’algues luxuriante ? Nous n’allions pas tarder à découvrir un récif formé d’algues.
Après une mise à l’eau sans encombre et une descente dans un bleu profond, une quinzaine de mètre au dessus du fond, nous avons aperçu des taches roses qui ponctuaient le fond. Ce sont des algues rouges qui accumulent du calcaire dans leur paroi. En raison de leur ressemblance au corail, elles ont été nommées « corallines ». Les corallines sont un des groupes d’algues dans le quel il se dénombre le plus d’espèces (~ 700) et qui se retrouve dans toutes les eaux du monde jusqu'à des profondeurs dépassant les 200 m quand les eaux sont particulièrement claires.
Sur le sommet du Walters Shoal, les corallines constituent un réseau dense, formant des structures tridimensionnelles qui servent de substrat à la faune et flore fixée et d’abris aux espèces animales qui se déplacent. Dans la plupart des récifs tropicaux, les corallines poussent entre les coraux où elles renforcent le récif en fonctionnant comme un ciment. Sur le Walters Shoal, où nous n’avons pas observé de coraux, seules les corallines contribuent à la formation du récif. Elles croissent par leur partie supérieure, celle qui regarde vers la lumière, et où sont les cellules vivantes qui vont utiliser l’énergie du soleil et le CO2 dissout dans l’eau, pour former des sucres et autres molécules organiques par la réaction de photosynthèse. Les couches inferieures de d’algues finissent par mourir mais le calcaire qui imprègne les parois subsiste et forme d’épaisses concrétions. Cependant, ces structures calcaires sont particulièrement friables et lorsqu’elles sont cassées, elles forment un sable très blanc qui s’accumule dans de petites clairières avant de dévaler les pentes du mont et de s’accumuler sur ses flancs.
De tels récifs d’algues sont donc extrêmement fragiles. Ils ont déjà été répertoriés, notamment en Méditerranée où ils sont communément appelés récifs coralligènes et pour les quels des mesures de protection sont en passe d’être mise en place.