Point sur la gouvernance avec l'IDDRI
Les zones marines situées au-delà des juridictions nationales (ZAJN) représentent environ la moitié de la surface de la planète et abritent une part importante de sa biodiversité. Ces zones subissent une pression croissante liée à l’intensification des activités anthropiques, entrainant notamment pollution, surexploitation des ressources halieutiques, destruction d’habitats, réchauffement et acidification des océans…
Ces dernières années, la communauté internationale a progressivement pris conscience des menaces croissantes pesant sur la biodiversité marine dans les ZAJN. C’est ainsi qu’en 2015, après dix années de débats scientifiques, de controverses juridiques et de tractations politiques, les États se sont finalement entendus pour ouvrir des négociations en vue d’un accord international sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine dans ces zones.
Parallèlement aux discussions internationales en cours, certaines organisations régionales ont progressivement étendu leurs activités dans les ZAJN : c’est le cas par exemple d’organisations régionales de gestion des pêches (thonières notamment) et de certains programmes de mers régionales (en Atlantique du Nord-Est ou dans l’océan austral, par exemple).
Dans l’océan Indien occidental, il existe un grand nombre d’organisations, mécanismes et projets dédiés à la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine. Cependant, très peu d’initiatives s’étendent aujourd’hui dans les ZAJN. Les activités menées au sein de la Convention de Nairobi pour la protection, la gestion et la mise en valeur du milieu marin et côtier de la région de l'océan Indien occidental, par exemple, ne s’étendent pas au-delà des zones économiques exclusives des Etats côtiers.
Les pays de la région témoignent néanmoins d’un intérêt grandissant pour assurer la conservation des ZAJN. A cet égard, trois conditions semblent devoir être réunies pour mener à l’action.
En premier lieu, il est nécessaire de mettre clairement en lumière les marges de manœuvre politiques et juridiques que les pays de la région peuvent exploiter ; le cadre de gouvernance de l’océan est en effet complexe, et les Etats doivent donc naviguer prudemment, en prenant en compte les obligations notamment imposées par la Convention des Nations unies sur le droit de la mer. Un tel exercice a récemment été effectué dans le cadre du projet SWIO et présenté aux Etats de la région.
En second lieu, les Etats doivent être informés de la connectivité entre les écosystèmes et comprendre que la bonne santé de leurs eaux côtières dépend largement de la situation qui prévaut dans les ZAJN. C’est la raison pour laquelle le projet SWIO a organisé en mars 2016 un atelier scientifique présentant des données de connectivité dans l’océan Indien occidental. Enfin, et peut-être surtout, les acteurs de la région doivent avoir conscience de la beauté et de la fragilité des écosystèmes situés dans les ZAJN.
On ne protège que ce que l’on connait, dit-on souvent. Et c’est bien là tout l’intérêt de la campagne scientifique en cours : elle ramènera données et images qui, espérons-le, finiront de convaincre les Etats de passer à l’action au plus vite.