Point Science avec l'UICN
Nous connaissons mal ce qui peuple nos océans ! Encore moins ce qu’on nomme la haute mer – soit tout ce qui se situe à plus de 370 km des côtes (200 milles nautiques). On parle aussi de zones au-delà de la juridiction nationale pour qualifier ce qui représente la moitié de la surface de notre planète et près de 90% du volume habitable pour le monde vivant de la Terre.
On entend souvent cette petite phrase assassine qui dit que l’homme connait mieux la face visible de la lune que le fond des océans … Le manque de connaissances et de compréhension de la composition et du fonctionnement des écosystèmes marins en haute mer est reconnu comme étant un frein majeur à leur protection et à la gestion de leurs ressources.
Cette campagne en mer s’inscrit dans le cadre d’un projet proposé et coordonné par l’UICN sur la conservation et l’exploitation durable de la biodiversité associée à deux types d’écosystèmes particuliers présents en majorité dans les zones au-delà de la juridiction nationale du sud-ouest de l’océan Indien : les monts sous-marins et les sources hydrothermales.
Ces deux types d’écosystèmes sont menacés par les activités humaines en haute mer : d’une part par la surexploitation des ressources halieutiques et la destruction potentielle des habitats par la mauvaise pratique de certaines méthodes de pêche et, d’autre part, par l’émergence d’activités d’exploration minière dans le but de l’exploitation de leurs ressources minérales.
La gravité de ces menaces vient d’un problème de différence d’échelle de temps entre la vitesse de croissance et de reproduction des organismes qui composent ces écosystèmes (lente à extrêmement lente) et la vitesse à laquelle l’écosystème est exploité ou l’habitat endommagé voire détruit.
Avec nos connaissances actuelles, nous ne savons pas si l’écosystème impacté peut se rétablir et, si oui, en combien de temps. A cela s’ajoute un problème capital, un certain nombre d’espèces qui composent ces écosystèmes sont endémiques – on ne les trouve nulle part ailleurs sur la planète.
Il y a plus de 200'000 monts sous-marins d’une élévation de plus de 1000m au-dessus du plancher océanique dans l’océan. Leur rôle et leur importance pour la biodiversité marine environnante sont de mieux en mieux documentés ; leur connectivité de plus en plus étudiée.
Cette campagne en mer va contribuer à améliorer nos connaissances du banc Walters (Walters Shoal), un ensemble de monts sous-marins qui se situe à 700km au sud des côtes de Madagascar.
C’est un lieu unique en haute mer – sa région sommitale atteint seulement18m de profondeur sous la surface !